Je crois que je n'ai pas besoin d'être protégé. Je préfère être à vif. La chair à découvert. On prend les coups de plein fouet, on sent résonner la douleur jusqu'au fond de ses tripes et sur le moment, je pense que je veux juste que ça s'arrête. Pourtant j'aime faire face à cette sourde douleur de vivre. Je crois que j'aime. C'est quoi aimer quelque chose ? Est-ce que c'est désirer cette chose, en rêver la nuit, se dire qu'on serait beaucoup plus heureux en la possédant et faire durer ce sentiment ? Ou est-ce que ça peut être comme un caprice ? Aime t-on vraiment de manière capricieuse ?
C'est peut-être juste que je suis égoïste. Certainement. J'ai pas l'impression de ne pas avoir tenu à toi pourtant. Je crois que je tiens encore à toi d'une certaine manière, malgré tout ça, malgré nos cris, nos insultes, nos coups, nos pleurs. C'était peut-être ça le truc. Malgré tout on a tenu le coup, c'était l'habitude ou est-ce que c'était plus profond que ça ? Je ne veux pas me bercer d'illusions. Je ne veux pas noircir nos souvenirs pour me persuader que c'était mal et que ça n'a jamais été quelque chose de beau. Je préfère souffrir de voir ce que c'est devenu qu'être plus heureuse en me mentant à moi-même.
Aujourd'hui je ne sais pas. Je doute. Énormément . Je n'avais plus douté depuis si longtemps. Je cherche la raison. Pourquoi est-ce que je doute. Quelle épine est fichée en moi et quand m'a t-elle poignardé ? Il ne m'a jamais donné à douter de lui alors maintenant je devrais penser d'une autre manière. J'ai envie de me dire que c'est parce que c'est différent que désormais j'ai peur que l'on se moque de moi. Qu'il se moque de moi. Pourtant je sais que ce n'est pas différent. C'est juste le début.
C'est si beau les débuts, alors je recommence à l'infini pour ne jamais finir. Actuellement, je ne suis sure de rien. J'ai du mal à marcher et je n'ai pas de béquille. Je n'ai plus de béquille. Je me sentais seule et c'est pour ça que je suis partie. C'est pour ça que je me suis réfugié dans ses bras. Pourtant... Pourtant je me sens si seule cette nuit.
Et toutes les autres aussi.