Rien ne change réellement. Ou peut-être que si. Quand je repense à ce passé, que j'écoute de nouveau ces chansons que tu m'envoyais et qu'à l'époque je ne comprenais pas. J'ai du passer à côté de tonnes de choses, j'ai du omettre plein de détails que je ne vois que maintenant. C'est fou de se dire qu'on a pu partager tant de choses avec quelqu'un et de ne plus avoir aucun contact désormais. Je ne dis pas que je te regrette, loin de là. C'était une chose que je devais vivre pour grandir et c'est grâce à toi que j'y suis parvenue mais je ne voudrais pour rien au monde te retrouver. C'est juste tellement fou, je me demande parfois si tu penses à moi. Si tu parles de moi dans des termes peu élogieux ou si au contraire tu préfères ne rien en dire, comme tu en avais l'habitude autrefois. Est-ce que tu déverses ta hargne ou est-ce que je ne mérite même pas cela ? Est-ce qu'un jour on se retrouvera de nouveau comme nous nous l'étions promis ? Ce serait drôle, étrange, déplacé, malvenu. Dans une autre vie alors.

J'avais décidé de me mettre à écrire parce que je voulais faire quelque chose, parce que je me sentais créative. L'inspiration est un animal que je n'ai toujours pas dompté car après quelques rares apparitions elle se retire au fond de son terrier et je ne peux rien faire pour l'en déloger. Je ne sais pas comment tourner toutes ces choses qui se mélangent dans ma tête, bribes de rêves et de souvenirs. Alors j'ai commencé à photographier un peu tout et n'importe quoi, juste pour faire sortir tout ça. Parfois ça marche, parfois pas.

Je me suis demandée ce que c'était d'être heureuse ; est-ce que c'était avoir de l'argent ? Pourquoi je ne peux pas être heureuse sans argent ? Je me demande si c'est une épreuve que l'on m'inflige parce que peut-être j'ai été mauvaise dans une autre vie. On m'a laissé cet esprit mais on ne m'en a pas donné la condition. Pour me punir d'avoir été trop riche, trop égoïste, trop vénale peut-être ? Alors tu vivras tes rêves de grandeur dans le corps d'une moins que rien.
Et je lui en ai parlé à lui, j'ai parlé de cette petite bête qui m'a rejointe dans ma trop grande solitude. Et là j'ai tapé ces mots tout simples "je suis heureuse avec mes bêtes". C'est idiot ? Ces petites vies qui n'ont rien demandé à personne, qui sont là parce qu'elles sont le résultat du bon vouloir d'un homme. Ces petites vies sont. Je suis. Ou pas.

Je veux découper les coins de ma bouche. Pour avaler le monde, le réduire en charpie et le vomir.

Je veux partir. Là-bas. Enfin.

Chez moi.