Un assemblage de petits vides, le vide social, le vide mental, le vide que l'on veut combler à tout prix.

J'ai lu et je n'ai pas voulu sortir de ce monde qui peut-être correspondait mieux à ma réalité. Toujours des peut-être, trop de peut-être alors que je suis déjà sûre et certaine de tas de choses.

Rien n'évolue. Tout du moins pas moi. Et pourtant rien n'est immuable même si je voudrais le croire, même si souvent je crois n'être qu'un androïde qui ne bouge plus. Figé. Maintenant j'aimerais m'arrêter. Cesser de faire fonctionner mes faux organes vitaux en le décidant tout simplement. On me dit que je suis trop négative et cela vous mine, te mine. Comme j'ai miné les autres, comme j'ai bu leurs espoirs, leur joie, leur patience. Je me suis nourrie de vos sentiments car je ne peux en créer moi-même.

Quand tu t'en vas, quand vous fuyez, je me retrouve face à cet océan de vide. Et je dois le reconnaître, je dois me l'avouer : j'ai peur. Terriblement peur de me retrouver face à moi-même, face à mes pensées et à ma vie que je n'arrive pas à remplir malgré tous mes efforts. J'ai trouvé du travail, j'ai voulu donner de mon temps, de mon amour, des soins à mes animaux. J'ai voulu être accompagnée pour combler, encore et encore. Quand cela ne suffisait plus alors j'ai tout englouti sur mon passage pour que la plénitude physique efface le vide mental. Au final, tu fuis. Et je crois que je ne t'en veux pas tant que ça au fond. Je peux me lamenter, j'ai pu pleurer ; deux jours. Pas un de plus puisque comme tout chez moi, les attitudes virevoltent, vont et viennent, jamais stables, toujours en mouvement. Curieux paradoxe pour un être immuable.

Ma quête d'infini qui ne prendra jamais fin. Je voudrais l'éternité et la quintescence de la vie tout de suite pour qu'elle me quitte instantanément. Que veut-il alors au final ? L'éternité ou l'éphémère ? L'éphémère de l'éternité. L'illusion d'un paradis perdu accessible seulement à ceux qui le veulent. Longtemps je n'ai plus rêvé. Battu par mon double, je ne cesse de perdre pour mieux gagner. Je ne cesse de gagner pour mieux perdre. Chaque sursaut emplit mes poumons et je ne peux arrêter de respirer.

J'ai peur du temps qui passe tandis que je deviens statue. Je m'embourbe dans ces sables et je n'y vois pas d'échappatoire. Je voudrais que l'on m'arrache les paupières pour que je puisse voir de nouveau. Trouver une porte de sortie. Je voudrais contempler ces multiples paysages, ces multiples couleurs. Seul. Seul pour moi-même, seul avec moi-même, me prendre par la main sans avoir peur. T'aimer enfin pour ne plus te combattre. Ne faire qu'un.

Je voudrais savoir ce que j'attends et si je dois attendre quelque chose. Je voudrais, toujours vouloir. Je voudrais pouvoir.

Dommage qu'elle doive mourir mais c'est notre lot à tous.