Je ne sais pas quoi faire ; j'ai eu une semaine pour réfléchir mais je ne sais pas vraiment si j'ai eu la tête à ça justement cette semaine après le rude coup que j'ai ramassé. Je n'ai pas pu penser à une solution de rechange puisque ce n'était pas envisageable pour moi. Qu'est-ce qu'il me reste ? Si j'arrête la fac je n'ai rien. Rien de plus qu'un bac, un bep, essayer de travailler ? Me retrouver dans un job purement alimentaire qui ne me plaira certainement pas ? Encore faut-il que je sois prise et ça ce n'est pas gagné vu l'échec retentissant de l'année dernière. J'ai peur, terriblement peur. Je ne vois pas de sortie, seulement des culs de sac. Comme si on avait éteint la lumière qui me guidait.
Putain j'étais si bien, je ne sais pas si j'étais heureuse mais ça allait quoi. J’avançais. C'est exactement ça, j'avais l'impression d'avancer, chose qui ne m'était plus arrivée depuis si longtemps que je me disais que ce n'était pas si terrible. Je me voyais bien dans ce cursus. Continuer d'avancer en menant ma petite vie, en apprenant, peut-être que je n'aurais pas atteint le bonheur comme ça mais c'était une routine rassurante, suffisamment pour que j'arrête de me faire autant de mal. Alors pourquoi merde ? Je ressens ce sentiment d'injustice, encore ce putain de sentiment. Pourquoi ne peut-on pas me laisser au moins ça ? J'ai pas demandé l'extase, j'ai pas demandé l'impossible, juste que l'on me laisse ce putain de répit encore un peu de temps. Encore un peu avant de m'éteindre, avant la date fatidique. Si je ne peux pas avoir le feu d'artifice, que l'on me laisse au moins cette étincelle dans la nuit.
Non. Non et non. Je ne sais pas qui m'en veut mais bordel, je serais capable d'une violence extrême en face de la chose qui me fait ça. En face de ce truc qui joue à ça. Et si c'était moi-même qui m'étais créée cette vie ? Qui me créais ces échecs ? C'est moi que je dois anéantir pour avoir enfin un peu de repos ? Je retourne au fondement de mon problème, ce désintérêt grandissant pour ce que l'on appelle la vie.
Je ne sais pas vers qui me tourner... Des connaissances (amis ?) me disent que je dois continuer. Que je dois au moins participer à ce deuxième round, au moins essayer avant de renoncer. Moi je ne me sens pas capable de mener ce second combat. Comment pourrais-je assurer les rattrapages du premier semestre en plus des partiels du second alors que je n'ai même pas été fichue de réussir là ? Moi qui pensais que j'avais bien fait, j'ai assisté à tous les cours, j'ai été attentive, j'ai écouté, j'ai révisé. Ok on va être honnête, peut-être que je n'ai pas assez révisé mais qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que j'apprenne par cœur ? On me demande quoi au juste ? C'est ça que je ne comprend pas. J'aimerais savoir ce que l'on me demande, ce que l'on attend de moi. Je veux savoir où j'ai péché.
La vie me fait peur. Je n'en veux pas. Je ne veux pas de tout ces doutes, toutes ces incertitudes. Je ne veux pas de cette immensité même pas masquée. Je voudrais que l'on me rende le brouillard. Je préfère tâtonner dans ce que je ne vois pas et parfois tomber sur de jolies choses. Je ne veux pas voir, je voudrais que l'on me rende aveugle de nouveau.
Je veux hurler et que le brouillard m'enveloppe. Qu'il me porte, me caresse, brouille ma vue et ma vie, je veux qu'il s'engouffre dans mes poumons et m'étouffe. Je veux dire adieu à tes yeux en même temps qu'au reste. Je veux me débattre et chuter, me relever et ne rien discerner, courir jusqu'à ne plus sentir mes jambes, la tête dans les nuages, le cœur au bord des lèvres et vomir le démon qui sommeille au creux de mes entrailles. Tuer l'Ange, l'arracher de mon corps enfin.
Goûter au répit. Si seulement...