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Mon Cirque à l'Envers

Lundi 10 janvier 2011 à 23:34

Mes yeux se ferment, au début je suis ici, allongé sur la couverture rouge qui bientôt n'est plus. Le rouge se fait vert, le tissu se fait mousse et lorsque mes paupières s'entrouvrent doucement, quelques rayons de soleil pénètrent le feuillage. Elle est belle cette clairière, et douloureuse. Lorsque je me lève, le bruit de l'eau me rappelle que tout était réel. Autrefois les ronces m'ont blessées, c'est la même chose à chaque fois. Malgré les années, malgré les écailles qui ont fini par recouvrir mon être je sens encore les épines effleurer ma peau. Légèrement, elles m'emprisonnent, elles s'accrochent à moi.

 

Je suis debout désormais. J'ai su me relever, malgré les blessures, malgré les souvenirs greffés à mon âme et qui feront désormais partis de moi à jamais comme une fleur mutante, une plante mouvante. Le poison intérieur a fini par devenir moyen de défense.

 

J'y retourne de temps en temps, cette clairière où les choses ne changent plus, là où le temps s'est figé gardant intact les fragments de cette vie, ma vie ? De la pierre, elles ne s'effritent pas, à peine usées par le temps elles sont là, immuables. Il arrive parfois que mes chevilles cognent le roc, se rappelant ainsi à moi, ils sont toujours là, je n'oublie pas. Ils sont là mais ils ne sont plus. Quand deviendrez-vous pierres tombales ? Quand le lierre vous recouvrira t-il ? La nuit je m'y perds mais mes yeux restent secs. Je respire, je lève les yeux et j'aperçois difficilement le bleu du ciel au travers des branchages. Il est pourtant bien là, j'avance ma main et je sens la chaleur du soleil sur ma peau nécrosée.

 

Au bord de l'eau je me penche légèrement et le reflet me renvoie quelqu'un qui n'est pas moi. Une jeune fille encore naïve, une jeune fille qui ne sait rien mais qui n'a encore rien perdu non plus. Est-ce le prix à payer ? La vision se brouille et si je tendais le bras pour attraper ce qui m'échappe, les choses se désagrègeraient. Invariablement, elles existent si je reste à distance. Elles existent pour être admirées, en silence. C'est un musée de jolies choses douloureuses. Là où nous ne pouvons être deux et je suis la perdante. C'est à moi de partir. Cette clairière n'est plus mienne, peut-être devrais-je m'en contenter, peut-être devrais-je remercier d'y être encore tolérée là où je n'ai plus ma place. Alors pourquoi revenir ici ? Me blesser aux épines de ces plantes meurtrières, me heurter à ces statues aux regards aveugles. Vous n'êtes pas morts et pourtant vous ne me voyez plus.

 

Alors quoi ? Où ? J'ouvre les yeux et ne subsiste plus qu'une odeur douceâtre de printemps sur le déclin.

 

Playlist : Final Fantasy X - Ending Theme.

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Pleurer un éclat









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